« Je m’appelle Héloïse et j’ai eu 37 ans le 28 Novembre 2018.Pour mon plus grand bonheur, le 3ème amour de ma vie a également choisi ce jour pour venir au monde… le plus beau et inoubliable des anniversaires. »
Depuis plusieurs semaines, je me dis qu’il est de mon devoir d’écrire ces quelques lignes. Cela est difficile pour moi, les larmes coulent déjà mais c’est en racontant mon histoire à mes proches et amies que j ai compris qu’il fallait que je partage mon récit. J’ai dans l’espoir que mon histoire soit lu par un maximum de femmes : adolescentes ou bien futures mamans, célibataires ou en couple… Mon objectif n’est pas de les effrayer mais de les informer et qui sait peut-être, de sauver la vie d’une d’entre elles …
Mon histoire a débuté le mercredi 28 Novembre.
Après avoir soufflé ma bougie à la maternité, bébé est arrivé en quelques heures… un joli cadeau d’anniversaire qui a pointé le bout de son nez à 23h50. Un accouchement dans la joie qui s’est parfaitement déroulé. Un bébé bonheur qui nous a comblé dès son premier cri. Un séjour à la maternité où tout le monde se portait bien… bébé découvrait le monde et papa et maman se réhabituaient à pouponner.
Comme beaucoup de maman, je suis partie de la maternité fatiguée mais tous les examens étant normaux, nous avons quitté les lieux le dimanche suivant. Heureuse de retrouver mes grands enfants et notre petit chez nous, j’étais bien aidée par le papa.
Le lendemain, la sage-femme nous rend visite. Je lui fais part de ma grande fatigue et de mon mal de dos qui m’a fait consulter le médecin le jour même. Elle constate que ma tension était élevée (15.6) mais que cela est souvent le cas chez les jeunes mamans. Je lui indique quand même mon étonnement car je suis habituée à des toutes petites tensions, avoisinant les 10 environ. Elle ne s’inquiète pas et nous fixons un rdv le lundi suivant.
Le lendemain (mardi), le mal de dos ne s’améliore pas. J’ai du mal à porter mon bébé et en suis très peinée. Je me dis que l’âge en est la cause … je dois moins bien récupérer que pour mes premières grossesses (en 2003 et 2007).
Mercredi, pas d’amélioration… j’ai de plus très soif mais les sages-femmes m’ont conseillée de ne pas trop boire car cela n’arrangeait pas la montée de lait qui me faisait souffrir. Je me retiens donc le plus possible et continue à prendre mes médicaments pour le dos.
La nuit passe, bébé dort paisiblement … 5h30 du matin, un violent mal de crâne me réveille. On me compresse littéralement la tête. N’étant pas sujette à des migraines en temps normal, je me demande ce qu’il m’arrive. Pourquoi ai-je si mal?
Je réveille mon chéri qui dort à mes côtés. Il prend ma fièvre. J’ai un peu de température. Je lui demande d’aller chercher le tensiomètre (ayant très peu de tension durant la grossesse, j’avais un appareil à la maison). 1ère prise 17.9, 2ème prise 18.9 …. Le voyant est au rouge. Je panique en lui disant que je souffre énormément et que je ne pourrai attendre d’aller consulter le médecin.
Il appelle alors le 15. Le médecin du SAMU ne cherche même pas à me parler, dit à mon mari qu’il me faut prendre du paracétamol et consulter mon médecin de famille. Etonné et choqué, il reprécise que j’avais accouché une semaine plus tôt, que j’avais une tension très élevée et que mon mal de tête est très violent. Le médecin n’en tient pas compte.
12h, je me sors péniblement du lit pour voir ma doctoresse. Inquiète, elle s’empresse de prendre avis auprès de la maternité et du service cardiologie. Elle explique mon cas et se demande si je ne fais pas une pré-éclampsie. On lui répond que ce n‘est pas possible… Je me confie à elle et lui dit que je n’ai perdu que 2 petits kilos alors que mon bébé en pesait 3,490 ! Sans hésiter, elle m’envoie faire un bilan sanguin et urinaire au laboratoire.
19h, les résultats tombent. Elle m’appelle et m’annonce que les résultats sont très mauvais et que je dois être hospitalisée au plus vite. Je raccroche sans vraiment comprendre ce qu il m’arrive. Je n’ai pas eu le temps de le dire à mon chéri que l’ambulance est déjà au pas de la porte. Je prends quelques affaires pensant repartir un ou deux jours après …
Arrivée aux urgences, je suis prise en charge quelques minutes plus tard. Prise de tension 18.9, nouveau bilan sanguin, mes reins et mon foie sont en souffrance …Mon mal de tête est toujours présent. Je supporte difficilement la lumière des néons. Je pars faire mon IRM avec un linge sur la tête.
Les résultats tombent. Je fais une hémorragie céphalée. Des vaisseaux ont éclaté. A ce moment là, ce n’est plus une pré-éclampsie mais bien une éclampsie que je suis entrain de faire. Les médecins restent toutefois méfiants car cela est très rare en post partum. Ils n’écartent pas la thèse d’une rupture d’anévrisme. Je continue les examens : scanner, échographie des reins, radiographie des poumons… les couloirs défilent et je me cache toujours les yeux pour ne pas voir ce qu’il m’arrive. Mon chéri reste près de moi pour me rassurer, moi qui déteste les hôpitaux et les aiguilles… On me pose alors une première perfusion puis on me conduit en Réanimation.
Là, tout s’enchaine. Le personnel médical s’agite autour de moi, je ne vois plus mon chéri … je pleure, je panique, sa voix était mon seul repaire … Elle n’est plus là. On me déshabille, on m’enfile une blouse, on me pose une sonde urinaire, une seconde perfusion à l’autre bras et un ECG… ma saturation est basse, on me met sous oxygène puis sous morphine pour calmer la douleur…
Tout s’écroule autour de moi. Je comprends alors que je ne resterai pas uniquement 1 ou 2 jours …
Mon chéri est orienté vers la salle d’attente du service des réanimations. Il y reste seul durant plus de trente minutes avant qu’on lui annonce que ce qui m’arrive est très grave. On lui remet les affaires que je portais dans un sac transparent et il doit quitter l’hôpital au milieu de la nuit en me laissant derrière lui, pour rejoindre mes enfants, qui dormaient à la maison (notre bébé était en garde chez mes parents).
S’en est suivi 4 jours en réanimation sous une surveillance permanente, des bilans sanguins jour et nuit… J’évacue alors 10 litres d’urine les 2 premiers jours (d’où l’utilité de la sonde urinaire…) et je bois, bois, bois …. C’est alors ma seule nourriture.
Mon bébé et mes enfants me manquent terriblement. Je ne cesse de regarder ce mur de photos réalisé par mon mari et cette horloge dont les heures défilent à une lenteur folle … Je ne fais que pleurer me sentant si seule et pourtant si entourée par le personnel médical. Mon chéri ne peut me rendre visite que 2 heures par jour. Les enfants ne sont pas admis … L’impression de ne plus avoir de bébé m’envahit. La fatigue, les hormones, la douleur deviennent un cocktail très déprimant.
Le lundi, les choses s’arrangeant très doucement, les médecins décident de me transférer au service néphrologie. Les aides-soignantes ayant appris mon histoire, insistent pour que j’ai une chambre seule. Je peux enfin prendre mon bébé dans les bras, sentir son odeur et le serrer contre moi… je commence à revivre. Deux jours plus tard, je quitte ma blouse, ma sonde, ma perfusion et je lui donne avec bonheur son biberon…
Je serai restée 10 jours hospitalisée, le temps que mon foie et mes reins fonctionnent à nouveau et que l’on écarte l’hypothèse de l’anévrisme après un second scanner et une artériographie (un acte de torture sans anesthésie générale qui m’aura littéralement traumatisée )… De longues semaines ont été également nécessaires pour que mon corps s’en remette.
Bientôt 3 mois que je suis sortie de l hôpital et que cela est derrière moi mais également 3 mois de haut et de bas, de pleures et de joies … Mon bébé bonheur a failli perdre sa maman au bout de quelques jours de vie… ses débuts ont été assez difficiles même s’il était entouré de l’amour de sa famille et pourtant il est adorable. Il fait ses nuits depuis notre retour de la maternité comme pour soulager ses parents…
La pré-éclampsie peut être fatale pendant la grossesse pour la femme enceinte et pour son bébé. Pour la majorité des cas, un suivi permet d’éviter les complications graves mais la césarienne en urgence est parfois nécessaire pour y remédier. Le placenta pourrait jouer un rôle important dans la maladie. C’est une pathologie grave et malheureusement assez fréquente chez les futures mamans… Elle est cependant beaucoup moins connue après l’accouchement !
Et pourtant!
Elle peut arriver encore 6 semaines après. Cela est plus compliqué de la soigner car le placenta n‘est plus là… il faut donc soulager les symptômes et attendre patiemment que l’état de santé s’améliore… On nous surveille régulièrement pendant la grossesse, également à la maternité… mais il faut également faire attention de retour à la maison !
Si je ne m’étais pas écoutée… si je n’avais pas consulté pensant que ça aller passer, que cela était le contre coup de l accouchement… si je m’étais contentée de prendre du paracétamol comme recommandé par le médecin du 15… Si je n’avais pas dit à ma doctoresse que je n’avais pas perdu de poids, si je n’avais pas pris ma tension ce matin là, si je n’avais pas été à l’écoute de mon corps, je ne serais plus là pour en témoigner.
Pour ma part, mon destin et les médecins en ont décidé autrement. Plus les jours passent et plus je réalise la chance qui m’a été accordée.
C’est pour cela que je vous fais part de ce récit si intime. Pour que toutes les femmes prennent conscience que la pré-éclampsie peut être également post partum et qu’en 2019, il est malheureusement possible qu’un enfant perde sa maman à cause de ce syndrome.
Faites passer le message aux femmes qui vous entourent.
Qu’elles fassent attention à leur santé. Si l’un des symptômes suivant leurs arrive, qu’elles consultent immédiatement leur médecin. Qu’elles soient soignées à temps et qu’elles puissent éviter tant de souffrances :
- Hypertension
- Maux de tête, maux de dos
- Nausées ou Vomissements
- Maux de ventre
- Problèmes de vision, sensibilité à la lumière
- Prise de poids, oedèmes